
6 novembre 2023 – J’achĂšte des perles en vrac Ă Shapur Jat market, Ă 10 min en voiture au sud de chez nous (C473 Defence Colony, 1st floor).
Mon petit projet de confectionner des colliers pour NoĂ«l ne fait en rien concurrence aux piĂšces de haute couture exposĂ©es dans les vitrines des boutiques de la fashion Street, dans le mĂȘme quartier.Â
En revanche, la vue de ces piĂšces de haute couture, recouvertes en partie de perles brodĂ©es, m’a sans doute poussĂ©e Ă m’aventurer dans ces ruelles Ă©triquĂ©es oĂč les grossistes en perles se ressemblent et s’assemblent !
Pour âč500 (~ 5âŹ) mes 10 paquets de perles, je suis sur le point de repartir mais le temps que je puisse payer (2 indiens me passent allĂ©grement devant;-), je m’arrĂȘte, je regarde et je vois en un coup d’Ćil une forme de rĂ©sumĂ© possible de l’Inde.
Alors, j’ai photographiĂ©.
J’ai photographiĂ© ce mĂ©decin ayurvĂ©dique sur la gauche au fond qui tĂ©lĂ©phone mais qui Ă©tait 5 minutes plus tĂŽt en consultation avec son patient. Si je parlais Hindi, il aurait suffi que je tende lĂ©gĂšrement l’oreille pour recueillir des bribes des maux de l’homme indien.Â
A droite, chez le coiffeur, 3 hommes, 3 dĂ©jĂ vus 1000 fois : boire en wifi avec la grosse bouteille en plastique, se faire raser par son barbier de rue, se regarder dans le miroir pour s’assurer de sa beautĂ© capillaire, importante pour l’homme indien.
En second plan, l’Ă©tal mobile de lĂ©gumes prend de la place dans la petite rue mais il est incontournable dans le paysage quotidien de l’homme indien et en particulier de la femme. Il y en a qu’une d’ailleurs sur la photo ; vous la voyez avec son drapĂ© rose, de dos, Ă choisir ses lĂ©gumes du jour ?
Au premier plan, reviennent les hommes. Ils sont nombreux dans la rue, ils font corps et pourtant ils sont chacun dans leur rythme, dans leur bulle. Imperturbable dans leur mouvement vers une course Ă faire, un travail, le chai du bout de la rue ?
J’allais oubliĂ© la guirlande lumineuse accrochĂ©e sommairement en haut des devantures oranges du cabinet mĂ©dical et du coiffeur. C’est Diwali, la fĂȘte des lumiĂšres qui s’annonce (le 12 novembre), notre NoĂ«l Ă nous.
J’ai photographiĂ© pour vous raconter.
Vous raconter une nouvelle fois mon regard portĂ© sur l’Inde, ce pays oĂč tout est dense, Ă©triquĂ©, confus, rapide et tout aussi Ă©parpillĂ©, immense, clair et lent. Vous savez, ces opposĂ©s que l’on apprend plus jeune avec une vision bien distincte ? Bah en fait, elles peuvent coexister ici en Inde. Mais pas facile de faire l’exercice dans un cerveau d’occidentale…
Et c’est sans doute pour cela que c’est si dur de raconter l’Inde.
« Pas facile de raconter ce matin aux collĂšgues comment c’Ă©tait l’Inde ????? đ± » est le message reçu cette semaine. C’est mon frĂšre qui , aprĂšs 2 semaines passĂ©es avec nous, revient en France…
MĂȘme aprĂšs 3 ans, ça reste encore « pas facile ». Pas facile Ă raconter car les repĂšres sont chargĂ©s en diffĂ©rence, en diversitĂ© et contrastes. Le grand Ă©cart Ă effectuer et Ă assimiler est dĂ©jĂ trĂšs grand pour notre cerveau. Alors, le formuler avec des mots… Vous imaginez !
Mais je tente encore l’expĂ©rience du partage.
Je partage ici, pour vous mais sans doute encore plus pour moi. Je le fais pour que ce monde qui reste longtemps dans le domaine des fantasmes (pour ceux qui ne l’ont pas encore vĂ©cu), ne soit pas relĂ©guĂ© au domaine des rĂȘves dans quelques annĂ©es pour nous 4. J’ai donc photographiĂ©, racontĂ© puis partagĂ© pour ne pas oublier.