📝 Quand Choti et Dilou s’en sont allĂ©es

J’ai eu envie de vous parler d’un « Ă©vĂ©nement » qui s’est passĂ© il y a quelques semaines chez nous : Choti et Dilou, les deux derniers chats qui nous restaient de notre sauvetage fĂ©lin d’il y a un an, sont parties. On a ouvert la fenĂȘtre, elles sont parties et ne sont plus jamais revenues.

Comme ça, vous vous dites que je suis en train de partir dans des sphĂšres Ă©ditoriales un peu perchĂ©es. Vous ĂȘtes mĂȘme un peu déçus de voir que l’Inde m’amĂšne Ă  parler de chats alors qu’il existe des rĂ©seaux sociaux trĂšs bien pour ça 😉

Si je m’attarde sur cette histoire c’est qu’elle m’a amenĂ© Ă  rĂ©flĂ©chir sur pas mal de choses : notre rapport Ă  l’animal en tant qu’EuropĂ©en, notre sens du « soin » envers lui, notre sentiment d’en ĂȘtre responsable et finalement la rĂ©alitĂ© du pays oĂč l’on vit qui prend le dessus.

Quand on a rĂ©cupĂ©rĂ© Choti et ses 3 petits chatons lors du confinement d’avril dernier, les choses Ă©taient plutĂŽt simples et Ă©videntes : on sauvait des petits ĂȘtres vivants trop mignons en mauvais Ă©tat, dans le pays oĂč le vivant est sacrĂ©. Evidemment, les filles Ă©taient aux anges. A leurs yeux, on passait pour des parents trĂšs cools et aux yeux des Indiens, notre acte Ă©tait « remarquĂ© » (meilleur terme que j’ai trouvĂ© pour dĂ©crire une variĂ©tĂ© de rĂ©actions que je n’ai jamais rĂ©ussi Ă  dĂ©crypter;-). En bref, notre ego Ă©tait au beau fixe.

Samedi 22 mai 2021

En presqu’un an, on a fait une place Ă  ces 4 chats : on les a nommĂ©s (Choti, Kalou, Tilo, Dilou), on leur a amĂ©nagĂ© une chambre, on les a fait vacciner, dĂ©sinsectisĂ©s, les deux mĂąles ont Ă©tĂ© adoptĂ©s (Kalou et Tilo), les deux autres sont restĂ©es chez nous et ont Ă©tĂ© stĂ©rilisĂ©es (premiĂšre expĂ©rience pour nous d’un animal en chaleur et on a vite compris que c’Ă©tait vraiment chaud ; pour elle et pour nous). En bref, on a pris soin d’eux pour les remettre sur pattes et leur permettre de grandir dans un environnement sain, calme et paisible (Ă  l’opposĂ© de New Delhi, on est d’accord;-).

23 septembre 2021

Et pourtant, au bout de presqu’un an, Choti et Dilou ne semblaient toujours pas se sentir chez elles, chez nous. On avait Ă©tĂ© certains que si on dĂ©ployait le protocole d’intĂ©gration fĂ©line comme en France, les minettes allaient faire partie de la famille avec pause cĂąlins tous les soirs, dos rond et ronronnements intempestifs Ă  la moindre caresse… Mais non, elles gardaient leur distance et nous restions visiblement des Ă©trangers pour elles (ce que l’on est finalement;-).

Alors, on s’est obstinĂ© Ă  vouloir les faire adopter par des familles indiennes avec extĂ©rieur en bonus. On observait souvent sur le balcon la mĂšre Choti nostalgique de ses dos ronds aux arbres et cĂąlins poussiĂ©reux. Quant Ă  la petite Dilou, sur ce mĂȘme balcon, elle semblait vouloir clairement se frotter d’un peu plus prĂšs aux oiseaux et Ă  la moindre feuille d’arbre en mouvement. On a inondĂ© le marchĂ© des annonces facebook, whatsapp, via le vĂ©tĂ©rinaire… Mais pas la moindre famille d’adoption indienne en vue.

C’Ă©tait un samedi matin de janvier trĂšs pluvieux. Choti et Dilou faisaient le pied de grue devant la fenĂȘtre depuis tĂŽt le matin et on a finalement choisi d’ouvrir. Elles sont parties et ne sont jamais revenues.

AprĂšs avoir Ă©tĂ© dĂ©stabilisĂ©s par cette dĂ©sertion dĂ©concertante, on a eu besoin d’imaginer plusieurs pistes : « elles se sont perdues et miaulent dans l’espoir qu’on entende leur appel », « elles sont coincĂ©es quelque part et attendent notre aide », « elles ont faim et trouvent du rĂ©confort auprĂšs d’une autre famille… » Et puis, on a fini par accepter qu’on n’en saurait jamais davantage.

Accepter, c’est l’un des premiers grands enseignements que l’Inde nous a appris. Alors, on a repris notre vie tout simplement avec une chambre d’amis Ă  nouveau disponible. Et encore plus de place pour vous accueillir 😉

Mais une fois encore, nos lignes ont bougĂ© et Choti est rĂ©apparue, bien Ă  l’aise, Ă  Sukun park.

Elle a rĂ©pondu Ă  son prĂ©nom, elle est venue vers nous, nous a servi son dos rond et nous a fait visiter ses nouveaux quartiers : juste derriĂšre l’arbre sacrĂ© auquel sont suspendus petit Ganesh et sacs en plastique chargĂ©s d’offrandes alimentaires.

(26 janvier 2022)

Choti, comme Dilou peut-ĂȘtre (mais elle n’a pas encore fait son come back) a donc repris sa vie de chatte indienne sans attache humaine, dehors. Un dehors oĂč la limite entre les mondes (citĂ© / jungle, animal / humain) est encore si tenue que chacun peut garder sa vraie nature et sa libertĂ© tout en s’assurant une protection mutuelle. Et finalement, on trouve ça plutĂŽt chouette et ok. On a beau ĂȘtre des EuropĂ©ens bien domestiquĂ©s, on s’Ă©tonne tous les jours de notre capacitĂ© Ă  se reprogrammer.

30 janvier 2022
Quand on extrapole

On a calquĂ© notre vision d’europĂ©ens pour apprĂ©hender le monde « Ă©tranger », animal et indien. De façon tout Ă  fait louable, on en a pris soin et on s’est attachĂ© selon nos codes culturels, affectifs. On a eu des attentes et on a projetĂ© sur les attentes de l’autre. On a imaginĂ© ce qui Ă©tait bon pour lui. Et puis, la nature et sa rĂ©alitĂ© en Inde a repris ses droits tout simplement.
Notre vision et nos codes font partis de nous et sont de l’ordre du rĂ©flexe. On ne pourra pas tellement les empĂȘcher. Mais petit Ă  petit et grĂące au passage de ces chats indiens chez nous (et de tant d’autres rencontres encore), on comprend mieux en quoi il est essentiel d’ouvrir une porte pour laisser l’autre ĂȘtre.

Quand on les a recueillis, c’Ă©tait incroyable ; une famille de chats pour nous 4 ! AprĂšs, j’ai compris qu’elles n’Ă©taient pas si pauvres et qu’elles avaient envie de partir. Emmanuelle

On a aidĂ© une famille de chats, on les a nourris, on leur a prĂȘtĂ© de l’attention… Peut-ĂȘtre que tout cela leur a permis de retrouver, en meilleure forme, leur vraie vie de chats. Agathe

J’ai lu rĂ©cemment que le cerveau des chats avait rĂ©trĂ©ci du Ă  la domestication. On peut se dire que Choti et Dilou nous ont clairement fait comprendre qu’elles souhaitaient garder leur cerveau intact ! JĂ©rĂŽme

4 commentaires

  1. J’en ai les larmes aux yeux. Finalement cette histoire de chats n’est pas pour les rĂ©seaux sociaux. C’est le dĂ©but d’une histoire d’une vie retrouvĂ©e aprĂšs un Ă©pisode en dehors du temps. Une histoire, qui, j’en suis sur, peut se rĂ©vĂ©ler trĂ©pidante.
    Un peu comme vous qui ĂȘtes dans une parenthĂšse en Inde, avant votre retour Ă  l’état “normal” en France. Je me demande bien ce qu’il en adviendra Ă  ce moment lĂ  avec toutes ses expĂ©riences accumulĂ©es 🙂

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    1. Tu as raison Mathilde! C’est vertigineux de se projeter Ă  nouveau en France aprĂšs cette parenthĂšse si riche. C’est pour cela que pour le moment, on n’envisage pas encore le retour 😉 La bise et Ă  trĂšs vite !

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  2. Je vois que mon commentaire sur les chattes n’est pas passĂ©. Elles ont retrouvĂ© leur Ă©tat de vie indien et presque sauvage, c’est bien. C’est un peu le problĂšme de la colonisation..
    J’espĂšre que nous viendrons. Je vous embrasse. Maman minou.

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