📾 DĂ©cembre 2021 – Imran

Ce petit bonhomme de 3 ans, je le vois chaque semaine.

Tous les mercredis matins depuis 2 mois, je me rends Ă  Nizamuddin, un quartier Ă  4km au nord de chez nous et qui tient son nom d’un saint soufi indien. Aujourd’hui encore, son mausolĂ©e est un lieu de culte important dans ce quartier musulman.

A Nizamuddin, on y vit aussi ; confortablement, modestement, et parfois dans la rue. Pour le petit Imran c’est la rue mais notre rencontre hebdomadaire se fait juste Ă  cĂŽtĂ©, dans le local de l’ONG Torch. Avant d’y arriver, on peut facilement se perdre dans un dĂ©dale de ruelles terreuses d’oĂč les maisons semblent ĂȘtre directement sorties.

Tous les matins du lundi au vendredi, Torch ouvre donc ses portes Ă  Imran mais aussi Ă  tous ses compagnons de moins de 9 ans. Ils viennent (ou pas) les mains vides et sales, quelques vĂȘtements sur eux, trop petits ou trop grands, certains ont toujours le sourire et d’autres portent sur le visage la duretĂ© de leur vie. MalgrĂ© tout cela, la mission de Faheem et Sangeeta, les permanents de l’organisation, est de les accueillir, leur apporter un minimum de soins quotidiens et leur offrir les prĂ©mices d’une instruction.

Pour nous, les quelques volontaires françaises, notre modeste projet du mercredi matin est de proposer Ă  ces enfants une parenthĂšse dans la parenthĂšse. Au dĂ©but de chaque sĂ©ance, on se met en cercle debout pour chanter, danser un peu et surtout se dire bonjour et rappeler le prĂ©nom de chacun. Ensuite, on commence l’activitĂ© coloriage, peinture, dĂ©coupage, collage, sur les Ă©motions, le corps humain…

L’enthousiasme de cette tribu d’une trentaine de tĂȘtes brunes est presque fĂ©roce ; leur envie d’ĂȘtre prĂ©sents et de participer se fait sentir physiquement. Ils se bousculent et frappent parfois pour trouver leur place, ils ne parlent pas, ils crient en hindi et puis ils nous assaillent de leur « Mam! » collĂ©-serrĂ©. Les plus petits eux, sont plus passifs mais (nous) regardent si intensĂ©ment qu’on reste un peu figĂ©es et on se trouve alors bien maladroites pour communiquer avec eux.

Le temps d’une courte matinĂ©e, on est donc portĂ©es et transportĂ©es par l’Ă©mulation collective d’une certaine enfance indienne. Et quand tout s’arrĂȘte, je me dis que j’aimerais juste en savoir un peu plus sur chacun d’entre eux.

Et toi Imran, qui es-tu ?

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