
« You give me back my smile »
C’est ce que Sharda nous a dit rĂ©cemment.
Sharda, c’est notre maid ; elle vient chez nous cinq jours par semaine de 10h Ă 17h. Elle nous aide Ă peu prĂšs pour tout : les repas, le mĂ©nage, le linge, les plantes… Evidemment, c’est un fonctionnement trĂšs loin du nĂŽtre mais on s’y fait. On s’y fait parce que c’est plutĂŽt confortable et puis on comprend qu’on joue un rĂŽle prĂ©cieux dans une Ă©conomie existante et nĂ©cessaire pour de nombreuses familles indiennes.
Sharda, elle a environ 47 ans (aucune certitude sur son annĂ©e de naissance), elle est originaire de l’Andhra Pradesh, un Ă©tat du Sud-Est de l’Inde ; toute sa jeunesse, elle l’a passĂ©e lĂ -bas avec sa mĂšre, ses trois sĆurs et son frĂšre. Malheureusement, son pĂšre est dĂ©cĂ©dĂ© d’une chute dans un puits quand elle avait un an (il n’aura pas Ă©tĂ© le premier ni le dernier d’ailleurs). New Delhi, elle y est allĂ©e pour travailler puis fonder sa famille. Elle a trois enfants : deux filles, Shivani et Varshani de 24 et 22 ans et son fils Pratham de 17 ans. Son mari Rajendar Kumar (du mĂȘme nom qu’un cĂ©lĂšbre acteur Bollywood des annĂ©es 50 / 60), elle l’a rencontrĂ© il y a 30 ans et tous les deux, c’est un love marriage. C’est important pour elle.
Sharda, son mĂ©tier c’est maid. Dans le quartier de Delhi oĂč elle habite, elle dit qu’elle est cuisiniĂšre parce que femme de mĂ©nage c’est trop mal considĂ©rĂ© ; la caste la plus basse nettoie les rues, alors nettoyer la maison des autres, mĂȘme les plus pauvres refusent de le faire.
Tous les jours, Sharda se donne pour mission de prendre soin de nous, de nous donner le sourire Ă travers ses actions, ses bons petits plats, sa bonne humeur constante, ses attentions pour les filles, sa discrĂ©tion quand je suis d’une humeur maussade ou quand JĂ©rĂŽme est seul Ă l’appartement… Et pourtant, c’est elle qui nous dit : « You give me back my smile ».
Vous allez penser que c’est du au lien qui s’est tissĂ© entre elle et nous quatre depuis janvier dernier ou Ă notre souplesse quant Ă ses jours de prĂ©sence, ses horaires qui fluctuent selon les fĂȘtes hindoues, les examens de son fils, les visites mĂ©dicales pour son mari ou encore aux 2,3 nĂ©gociations salariales qu’elle a brillamment su mener đ ?
Eh ben non, dĂ©trompez-vous ! Sharda a retrouvĂ© le sourire parce qu’elle nous a confiĂ© ses problĂšmes de dents. On a appelĂ© ma super sĆur dentiste qui l’a examinĂ©e par tĂ©lĂ©phone et qui a posĂ© un prĂ©-diagnostic avec la marche Ă suivre pour le brossage et les soins. On lui a donnĂ© une brosse Ă dent Ă©lectrique et le dentifrice adaptĂ©. Il nous reste encore Ă la convaincre de se rendre chez un dentiste pour les actes mĂ©dicaux indispensables et sans doute que nous devrons l’y amener.
Mais dĂ©jĂ aujourd’hui, elle ne souffre plus quand elle mange et surtout elle n’a plus de gĂȘne Ă montrer Ă nouveau ses dents quand elle sourit. Alors, oui, on lui a redonnĂ© le sourire et on est franchement honorĂ© qu’elle nous ait donnĂ© l’opportunitĂ© de le faire !